Présidentielle 2012: Pujadas et Ferrari battus par… Internet ?

A quelle heure connait-on les résultats de l’élection présidentielle? C’était impensable il y a quelque temps, c’est aujourd’hui le sujet de discussion à la mode: il est possible de connaître les résultats de l’élection avant 20h. La faute à qui? Internet, évidemment.

Dimanche 22 avril, les Français sont appelés aux urnes pour désigner les deux candidats qui, deux semaines plus tard, disputeront le second tour de l’élection présidentielle. Si le scrutin en lui-même occupe une grande place dans les médias, il est un autre débat qui fait rage: à quelle heure connaîtrons-nous les résultats du premier tour?

Des estimations sérieuses dès 18h

Vous vous en doutez, lorsque les résultats apparaissent sur votre écran de télévision à 20 heures, les chaînes de télévision qui vous les communiquent connaissent déjà les scores des candidats depuis un certain temps. On se souvient notamment de l’élection présidentielle de 2002 où on nous promettait une énorme surprise à chaque duplex avec le quartier général du Front National. Puisque les médias possèdent les résultats, pourquoi ne les communiquent-ils pas plus tôt? A cause de l’article L. 52-2 du code électoral, qui dit ceci:
« En cas d’élections générales, aucun résultat d’élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle (…) avant la fermeture du dernier bureau de vote. »


2002, ou comment dire le résultat de l’élection avant 20h sans le dire

Et comme dans certaines grandes villes françaises, les bureaux de vote ne ferment non pas à 18h mais à 20h, les résultats ne peuvent donc être communiqués aux français qu’à ce moment là. Car on s’en doute, connaître les résultats avant d’aller voter pourrait en influencer certains.

Seulement voilà, nos voisins européens, notamment les pays francophones qui s’intéressent de près à la politique française, ne tombent, eux, pas sous le coup de cette loi. Et demeurent ainsi en possession, dès 18h environ, de résultats fiables qu’ils ont tout à fait le droit de diffuser. Pourquoi, alors, se priver de donner une information qu’ils possèdent sachant que la concurrence ne se gênera pas pour la donner? La réponse est dans la question: personne, en Belgique ou en Suisse, ne se fait prier: ils ont l’information eu leur possession, ils la diffusent, point.

Et c’est précisément là que les ennuis commencent. Alors que jadis il vous aurait fallu avoir des amis ou de la famille dans un pays frontalier -et un téléphone- pour connaître les résultats avant 20h, il vous suffit désormais d’allumer votre ordinateur. Internet est votre ami, et en quelques clics, vous pourrez connaître les premières estimations alors même que sur votre bon vieux téléviseur, qui affiche 19h12, David Pujadas vous propose de « prendre la température » dans les différents QG. Ce qui était tout bonnement impossible il y a quelques années, est désormais à la portée de tous grâce au web.

C’en est trop pour Jean-Marc Morandini, qui dès 2007, voyant peut-être là une occasion en or de parler d’autre chose que de télé-réalité et des déboires de starlettes préfabriquées, avait dénoncé l’hypocrisie du système. A l’époque, de nombreux français découvraient que les résultats étaient accessibles sur internet et, curieux, se ruaient sur les sites des médias étrangers pour connaître les résultats avant tout le monde, saturant au passage de nombreux sites d’information Belges ou Suisses peu habitués à un tel taux de fréquentation.

Comment éviter ce « bazar »?

Cinq ans plus tard, le schmilblick n’a pas avancé et JMM est toujours aussi énervé, puisque notre Zorro national menace de diffuser « d’une façon ou d’une autre les résultats de ces estimations sorties des urnes au nom du droit à l’information » avant 20h. Et il n’est pas le seul. Depuis 2007, des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook ont connu un essor considérable. Communiquer les résultats avant 20h est passible de 75 000 euros d’amende, répond le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel). Impossible ou presque à appliquer; avec un accès facile aux résultats via Internet et le bouche à oreilles qui en découlera, rares risquent d’être les français à découvrir les résultats à 20h devant la télévision.

On peut donc raisonnablement se poser la question: puisqu’il faut que ça change, alors que faut-il changer? Faut-il annoncer les premières estimations plus tôt, faisant fi de l’article L.52-2 cité plus tôt?  Pourquoi ne pas fermer tous les bureaux de vote à 18h? Pourquoi ne pas bloquer l’accès aux réseaux sociaux et aux sites d’informations étrangers jusqu’à 20h le jour de l’élection? Quid d’une loi à l’échelle internationale sur ce sujet qui n’est finalement pas propre à la France?

Du nombre d’électeurs qui attendraient ainsi les premières estimations avant d’aller au bureau de vote à la hausse du taux d’abstention en passant par la violation de la liberté d’information, aucune solution n’est parfaite. Mais il faudra bien en trouver une d’ici à la présidentielle 2017. Car n’en doutons pas, dans l’état actuel des choses, l’après-midi du 22 avril s’annonce épique. Et le soir de ce même 22 avril, peut-être découvrirons-nous pour la dernière fois les résultats d’un premier tour de présidentielle à 20h devant la télé. Internet bouscule décidément tout.

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Et un, et deux, et trois écrans?

RTL, le géant de l’audiovisuel privé en Belgique Francophone, a lancé ce lundi 5 mars son application iPad dite de « second écran ». Ou plus précisément ses applications puisque le géant Belge diffuse sur trois canaux, RTL TVI, RTL Plug et RTL Club, et propose aux usagers une application par chaîne. Mais c’est quoi, une application de second écran?

Cette appellation part en fait d’un constat très simple sur l’évolution de l’attitude du télespectateur devant son écran. De plus en plus, celui-ci est enclin à visionner deux écrans à la fois. Par exemple, le geek que vous êtes probablement si vous lisez ce blog regarde certainement la télévision tout en surfant sur internet, ou sur sa tablette si en plus d’être geek vous êtes un temps soit peu fortuné. Ne dites pas non, votre smartphone est, figurez-vous, lui aussi pourvu d’un écran et si vous ne vous sentez pas concernés par les deux exemples précédents, vous n’arriverez pas à me faire croire que vous ne consultez pas votre iPhone en même temps que vous regardez la télé!

Ce constat de visionnage simultané sur plusieurs supports, Jean-Jacques Deleew, directeur de RTL New Media en a tiré des conclusions. Il les explique au Soir: « De plus en plus de gens regardent la télévision, tout en surfant sur leur ordinateur, leur smartphone ou leur tablette afin de faire des commentaires, de chercher du contenu… L’écran de télévision réunit à nouveau toute la famille dans le salon. Grâce au wi-fi, plus besoin comme avant de s’isoler dans sa chambre ou son bureau pour consulter internet. L’écran principal est collectif. Le second est personnalisé. Nous essayons de capter ces gens qui utilisent ce second écran en leur proposant une foule de choses en complément de l’émission afin de renforcer nos propres chaînes. »

"De plus en plus de gens regardent la télévision, tout en surfant sur leur ordinateur"

Qu trouve-t’on sur ces applications?

Et voilà comment ces applications de second écran ont vu le jour. Le but n’est pas de permettre à ses usagers de regarder les programmes de RTL sur la tablette. Une évidence finalement, pourquoi permettre aux utilisateurs de regarder RTL sur la tablette et ainsi laisser le champ libre à la grande rivale, la RTBF, sur la télé? Non, le but est d’apporter un complément d’information au téléspectateur sur les émissions de la chaine. Concrètement, seuls les programmes déjà diffusés en direct sur internet par RTL, comme l’info ou la ligue des Champions de football (où on attend depuis dix ans la présence d’un club belge en 1/8ème de finale, soit dit en passant) seront visibles sur votre tablette.

Pour le reste, l’application iPad vient en fait en complément de l’émission diffusée en direct sur la chaine. En démarrant l’appli, vous trouverez ainsi un espace « social TV », où vous pourrez échanger vos impressions sur l’émission en cours avec les autres téléspectateurs. Un onglet de l’émission actuellement diffusée est accessible dès votre connexion à l’application, via lequel vous trouverez des quizz ou autres jeux-concours sur l’émission en question, et bien plus encore. Prenons l’exemple de Top Chef. Recettes de cuisine, biographie des candidats sont ainsi à votre disposition.

L’outil idéal pour être encore plus au fait sur votre émission favorite mais aussi pour rendre les émissions de la chaine encore plus interactives. L’outil idéal, aussi, pour faire parler de ses émissions sur les réseaux sociaux et aller conquérir un nouveau public. De quoi pousser la concurrence à suivre le pas de RTL, dans les plus brefs délais. Et bientôt, peut-être, vous ne pourrez plus vous passer de ce complément. Et vous irez faire l’acquisition d’un troisième écran pour faire ce que vous ne pouvez plus faire sur le deuxième. Bienvenue dans le 21ème siècle.

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Wallonie: consomme-t-on français? ou les habitudes télévisuelles du spectateur Wallon

Avant de s’intéresser prochainement aux rentrées d’argent dans l’industrie audiovisuelle belge, petite étude sur le rapport des Belges avec la télévision. L’occasion également de répondre à certaines questions que les Français que nous sommes se sont peut-être déjà posées sur la place des médias français chez nos voisins wallons.

Plusieurs langues mais aussi plusieurs cultures cohabitent en Belgique. Evidemment, les chaînes de télévision du pays en sont le reflet. Germanophones, néerlandophones et francophones ont chacun leurs propres chaînes de télévision. Ainsi, dans la commune de Schaerbeek, à Bruxelles, se trouve le siège des télévisions publiques flamande, la VRT, et wallonne, la RTBF. Un immense batiment commun où les deux chaînes ne sont séparées que par une simple allée centrale, en réalité symbole des difficultés identitaires que rencontre le pays. Des difficultés par ailleurs parfaitement résumées dans une fiction en forme d’édition spéciale, signée par les équipes de Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) pour la RTBF, et qui avait beaucoup fait parler au-delà même des frontières belges il y a de ça quelques années.

Des programmes en commun

Beaucoup de programmes à succès en France sont diffusés sur les chaines Belges. Top Chef est ainsi retransmis sur RTL TVI pendant que nous le regardons sur M6, de même que vous pouvez retrouver de nombreuses émissions de Canal + sur son équivalent Wallon, BeTV. Enfin, petit tuyau, si vous êtes très féru de Tout le monde veut prendre sa place, vous pouvez voir l’émission avec un peu d’avance par rapport à la France sur La Deux ( pour l’anecdote, Christophe Bourdon, l’ex-recordman de victoires à l’émission, est aussi devenu depuis consultant pour On n’est pas des pigeons sur La Une). Attention à l’excès de chauvinisme, des programmes comme Striptease, qui est toujours connu sous ce nom-là en France mais est devenu depuis dix ans Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) en Belgique, ont fait le chemin inverse, puisqu’il s’agit de productions Belges retransmises en France. D’autres émissions enfin, comme  The Voice, ont leur équivalent outre-Quiévrain, totalement indépendant de la version de TF1. Bref, il y a une indéniable ressemblance entre les grilles de programmes belges, ou tout du moins wallonnes, et celles des chaines françaises.

Plutôt français ou francophone?

Concrètement, le téléspectateur wallon a l’embarras du choix. Des chaînes flamandes aux chaînes wallonnes en passant par un certain nombre de chaînes françaises. Et comme le niveau du téléspectateur wallon moyen en néerlandais n’est pas des plus brillant, ou en tout cas bien en deçà du niveau de français des compatriotes flamands, il s’oriente tout naturellement très majoritairement vers les chaînes francophones. A ce petit jeu là, les chaînes wallonnes, RTBF et RTL, se partagent la plus grosse part du gateau. Avec des programmes, on l’a vu, tantôt français, tantôt inspirés de la France, et la plupart du temps, avec des programmes originaux bien à eux. Mais les chaînes françaises ne sont pas en reste pour autant, puisqu’elles totalisent près de 30% d’audience. Une baisse récente est néanmoins à déplorer, notamment à cause de la chute d’audience des chaines publiques de France Télévision, qui ne touche donc pas que la France. Mais attirer un tiers des téléspectateurs dans un pays voisin est tout de même une belle performance. Une performance qui résume bien la situation de la communauté wallonne, qui se revendique Belge avant tout, mais regarde les programmes français beaucoup plus qu’ils ne regardent les programmes flamands.

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La Belgique a envie de tweet

Semiocast, spécialiste français des conversations sur internet, a publié au début du mois les résultats d’une étude sur le nombre d’inscrits à Twitter. Et ces résultats sont sans appel, la Belgique se laisse gagner par la fièvre du tweet. La barre symbolique du million d’utilisateurs a été franchie et plus encore, ce sont les résultats à l’échelle mondiale de cette étude qui sont révélateurs: Twitter est en train de conquérir le monde.

383 millions de twittos, et moi, et moi, émoi. Souvent barré par Facebook lorsque les médias s’empressent de parler de la folie des réseaux sociaux, Twitter est également en pleine expansion. Si vous êtes sur ce blog, l’outil vous est probablement familier et il est inutile de revenir sur le #fonctionnement de celui-ci. Tout comme il est inutile de préciser qu’il est bien réducteur de ranger Twitter et Facebook dans la même case « réseaux sociaux », tant les deux plateformes n’ont rien ou si peu en commun.

Mais les chiffres, eux, nous offrent un point commun entre les deux: ils sont en pleine expansion. Les statistiques publiées au début du mois de février témoignent d’une progression certaine de Twitter. En Belgique, puisque c’est à ce pays que l’on s’intéresse dans cet article, le réseau social a ainsi récemment dépassé la barre symbolique du million d’utilisateurs. Ca peut paraître peu, seulement une fois que l’on a pris en compte le fait que la Belgique est un petit pays de onze millions d’habitants, on prend conscience de l’ampleur du phénomène. 10% de la population Belge est sur Twitter. Une fréquentation qui a doublé par rapport au 1er janvier de l’année dernière, où l’on comptait tout de même déjà 520 000 inscrits.

Sur ce million de comptes, seul un quart cependant sont réellement actifs, c’est à dire ont twitté entre septembre et décembre dernier. Un score dans la moyenne mondiale, le record du monde de taux d’activité sur le site étant détenu par le voisin néerlandais, avec 33%. Puisqu’on parle des Pays-Bas, sachez d’ailleurs que le néérlandais est la sixième langue la plus parlée sur Twitter, alors que les Pays-Bas n’occupent que la dix-septième place des pays représentés. Merci la Flandre?

Peut-être, mais merci en tout cas aux différents médias qui ont compris que l’outil pouvait leur permettre de se développer. Effet boomerang oblige, voilà qui a développé l’outil. C’est le cas notamment de la RTBF, qui outre une présense active sur le réseau, l’intègre aussi lors de certaines de ses émissions. Ainsi, son émission à succès du moment, The Voice, sur la Une, diffuse en direct à l’écran des tweets postés par les internautes pendant l’émission. Exemple parmi d’autres d’une télévision qui évolue avec son temps.

Le Premier Ministre Belge Elio Di Rupo montre l'exemple à ses concitoyens. Il est actif sur Twitter, et dans les deux langues s'il-vous-plaît

Le plat pays se classe à la 35ème place mondiale des pays les plus représentés sur Twitter. Avec 0,28% des twittos dans le monde, le poids de nos amis d’Outre-Quiévrain n’est pas bien lourd certes, mais il est représentatif d’une tendance mondiale. Twitter a doublé sa fréquentation en Belgique, il l’a également doublé dans le monde. De 192 millions d’inscrits, le site est donc passé à 383 en ce début d’année 2012. Où va-t-il s’arrêter? Certainement pas en si bon chemin. Si l’on prend en compte les zones géographiques qu’il reste à conquérir, et l’engouement pour le site qui semble se développer de plus en plus dans les médias dits traditionnels, vous n’avez pas fini de twitter.

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Belgique, télé publique et numérique: pas de hic

La RTBF a annoncé en ce début de mois de février qu’elle allait dorénavant être disponible sur le site de partage de vidéos le plus consulté au monde, Youtube. Une première pour une chaîne belge qui mérite bien quelques explications.

Si vous avez suivi les épisodes précédents, alors vous savez que l’avenir de la télévision passe peut-être par l’ordinateur. Et vous connaissez également le phénomène des « catch-up », ou télévision de rattrapage, qui vous permettent de voir votre programme préféré quand vous le désirez. Aujourd’hui, la RTBF va donc plus loin, en devenant la première télévision belge à être présente sur Youtube, le géant de la vidéo en ligne.

Il y a quelques semaines, Google, propriétaire de Youtube, a lancé une version belge de Youtube afin de proposer du contenu spécifiquement belge, permettant ainsi d’attirer des annonceurs… belges. Habile. D’autant plus habile que cette stratégie pourrait bien déboucher sur du gagnant-gagnant: bénéfique à Youtube certes, car qui dit annonceurs dit forcément argent. Mais bénéfique également aux clients potentiels de Youtube Belgique, qui voient là un territoire fertile pour venir conquérir un public nouveau. Et parmi ces clients, les chaînes de télévision, qui se voient enfin offrir la possibilité d’être présente sur Youtube et donc visible par le plus grand nombre.

En retard ou en avance sur la concurrence?

A l’heure où de nombreuses télévisions sont disponibles sur la plateforme de partage de vidéos, comme la Rai en Italie, la BBC en Angleterre, ou bien encore Arte, ceci va permettre aux télévisions belges de rattraper leur retard en la matière sur les concurrentes étrangères. Car cet accord entre Youtube et la RTBF permet d’assurer que les vidéos de www.youtube.com/user/rtbf/videos ne pourront pas être importées sur d’autres sites. Il était donc préférable pour les télévisions du pays d’attendre. Et à ce petit jeu là, c’est la RTBF qui a été la plus forte, et dégaine la première son offre de contenus sur Youtube.

Dans le fond, rien d’ébouriffant. Soyons clairs, c’est plus la présence de la RTBF sur Youtube qui est un évènement en soit que l’offre de contenus proposée. Il s’agit des programmes basiques proposés sur ses autres versions de catch-up, que ce soit sur le site de la RTBF ou sur certains décodeurs: le JT, la météo, et certaines des principales émissions qu’elle produit. Le tout disponible pendant sept jours après la première diffusion. Un petit bémol cependant: tout ceci n’est visible que depuis la Belgique.Pauvres expatriés belges, déjà privés de la télévision de leur pays, voilà qu’on leur annonce une offre de télévision de rattrapage et patatras, ils ne peuvent pas la regarder non plus! Un seul bémol, mais un bémol de taille donc.

Qu’importe, pour Sophie Berque, de la direction de la communication pour le numérique à la RTBF, cette initiative a un sens. « Cette collaboration constitue une bonne opportunité de toucher les plus jeunes pour notre offre catch-up et ainsi renforcer une audience encore inexploitée ».

Alors que le « portail de rattrapage », comprenez www.rtbf.be/tv/revoir, a multiplié par trois son nombre de visiteurs en deux ans, voilà la preuve que la télévision publique belge se positionne dans la quête d’un nouveau public, plus jeune, et donc d’une nouvelle image. Comme en atteste d’ailleurs les brillants scores d’audience réalisés par l’émission de télé-crochet « The Voice », qui ont permis à La Une de devancer RTL, fait assez rare pour être souligné. Pour resituer les choses dans leur contexte, imaginez France 2 devancer TF1 en prime-time avec une émission de télé-réalité. Vous avez dit « lol » ?

A l’heure du « tout numérique », la télévision publique belge se voit dans l’obligation de s’adapter pour continuer à attirer une audience aussi large que variée. Être présente sur Youtube était probablement indispensable, l’être avant la concurrence est clairement un joli coup. Une stratégie qui séduit les jeunes et pourrait s’avérer payante à court terme certes, mais aussi et surtout sur le long terme.

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Vous pouvez éteindre votre télévision

Alors qu’Internet est considéré comme l’un des responsables de la crise qui touche l’industrie de la presse papier, c’est un autre média qui est aujourd’hui en danger face à l’offre de contenus inégalable que propose le web. Ce média, c’est la télévision. Le bon vieux téléviseur se retrouve à la croisée des chemins à tel point que l’équation pour lui est d’une cruelle simplicité: se servir du net pour survivre, voire se développer. Ou mourir.

La BBC vient d’annoncer des chiffres records. Pas dans ses audiences, non. Dans ses consultations en ligne. Deux milliards de programmes de la télévision publique Britannique ont été vus par les internautes l’an dernier. C’est énorme et ça reflète un changement des pratiques de consommation des férus de télévision.

Vous connaissez tous Pluzz, M6 Replay, et les autres services de ce genre qui permettent au geek que vous êtes de regarder vos programmes favoris à n’importe quel moment en différé sur Internet? Et bien vous ne le savez peut-être pas mais vous êtes de plus en plus nombreux à les utiliser. Très nombreux, et peut-être même un jour beaucoup trop nombreux pour permettre à votre pauvre petit écran de télévision de survivre. Nous n’en sommes pas encore là, rassurez-vous. En fait, en ce début d’année 2012, et sans doute pour un certain temps encore, le meilleur moyen de regarder Julien Lepers et Jean-Luc Reichmann reste l’écran plat que vous avez fièrement installé dans le salon. Plus confortable, plus convivial que l’ordinateur 15 pouces, il est également difficile de faire changer les petites habitudes du français moyen. A 14h, c’est « Toute une Histoire ». C’est comme ça et puis c’est tout. Alors pourquoi la télévision est-elle « en danger »?

Pour des raisons relativement similaires à celles qui compromettent l’avenir de la presse écrite. Internet vous permet de voir l’émission que vous voulez, quand vous le voulez. Et oui, voir « Motus » à 3h du matin, ça n’a pas de prix. Aussi, les nouvelles générations n’ont pas les petites habitudes évoquées plus haut, ou beaucoup moins. Au contraire, à parler d’habitude, le geek 2.0 aurait plus tendance à se tourner vers son écran d’ordinateur pour regarder un programme. D’ailleurs, outre la presse écrite, les industries du livre et de la musique peuvent en témoigner.

Quelles conséquences pour le journalisme?

Concrètement, qu’est ce que ça change pour le journalisme que les téléspectateurs puissent voir « La roue de la fortune » quand bon leur semble? Pas grand chose, certes. Sauf que même l’information est accessible sur Internet. Celle-là même qui, accessible en continu, met en danger la presse écrite. Mais pas seulement. Car même les journaux télévisés sont maintenant visibles sur le net. En somme, pour vous informer, vous n’avez vraiment plus besoin de la télévision. Libre à vous de regarder le 20h à 21h sur votre PC. Un élément d’optimisme parmi d’autres est évoqué par Eric Scherrer sur son blog: « Les grands directs et les grands événements fédérateurs, en sport, politique, talk-shows, spectacles vivants, sont encore des valeurs sûres du savoir faire des grands acteurs traditionnels de la télévision, notamment en raison de la détention des droits. La fraîcheur des contenus peut aussi être valorisée. La téléréalité de qualité également. Elle a permis la première vague d’arrivée massive du public dans les émissions et les programmes. »

Jusqu’à quand? Il est déjà possible de regarder la télévision sur son ordinateur. Le jour viendra-t-il où il ne sera plus possible de regarder la télévision sur… son téléviseur? Qu’importe au fond, de téléspectateur nous deviendrons télénautes. Mais c’est toute l’industrie de la télévision qui en subira les conséquences. Quelles seront-elles? Réponse, peut-être, dans quelques années.

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« Le Soir » du numérique est arrivé

Le quotidien d’information « Le Soir », un des plus importants de Belgique Francophone, propose à ses lecteurs un grand nombre d’applications numériques. Il y est bien sûr question d’information, mais pas seulement. Actualité numérique et technologique, guide TV, « Le Soir » se positionne à la pointe de la technologie. Et compte bien emmener ses lecteurs avec lui.

Pour comprendre de quoi on parle, « Le Soir » est l’un des quotidiens d’information les plus vendus en Wallonie. Il pourrait s’apparenter dans sa ligne éditoriale au « Monde » en France.  Tous les jours, quelques 80 milliers de Belges lisent « Le Soir ». Et depuis quelques temps, ils ont l’occasion de pouvoir faire bien plus. Pour faire face à une baisse globale des ventes, symbole d’une presse Wallonne qui va mal, le quotidien est en effet disponible sur iPad et iPhone pour 79 centimes le numéro, avec des formules d’abonnement au moins ou à l’année avantageuses. La version internet est quant à elle accessible gratuitement.

Le décor est planté. Mais connaissez-vous Bip, TV News, Festivap ou encore Geeko? A moins d’être un fan inconditionnel de la Belgique et de tout ce qui s’y passe, probablement pas. Ces applications iPhones, également disponibles sur Androïd ou Blackberry pour les allergiques aux pommes d’Apple, on été créé par « Le Soir ». De quoi permettre à leurs heureux titulaires de devenir de vrais geeks 2.0.

Jugez plutôt. Vous êtes titulaires d’un iPhone et avez quarante minutes à tuer pour vous rendre sur votre lieu de travail (toute ressemblance avec l’auteur de cet article n’est pas une pure coïncidence). Et bien vous avez désormais l’opportunité de les tuer sur Geeko, « Le blog technogeek du Soir. Les dernières news sur le monde du web, les nouveaux appareils. Suivez les chroniques, les analyses et les meilleurs buzz ». Ou bien encore sur BiP, « Le meilleur de l’actualité iPhone en Belgique. Tout ce qu’il faut savoir pour utiliser au mieux vos iDevices ». De quoi ne plus voir le métro Bruxellois de la même manière, n’est-ce pas?

Non content d’avoir compris l’importance du virage numérique pris par la presse et de l’avoir parfaitement anticipé avec des applications particulièrement au point et des offres pour satisfaire toute sorte de public, « Le Soir » va donc plus loin. Et propose à ses lecteurs de devenir plus royaliste que le roi. En parlant de roi, c’est l’heure de regarder « Le Roi Lion » sur La Une. C’est TV News qui me l’a dit.

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Le datajournalisme donne un coup de jeune au Guardian

En proie à des difficultés financières, The Guardian tente de se relancer en anticipant le virage numérique qu’est en train de prendre la presse du début de XXIè siècle. Application Facebook, robot Twitter, journalisme collaboratif, application Ipad, le journal anglais n’en finit plus d’innover. Focus aujourd’hui sur leur site de datajournalisme. Lancer un tel site peut-il remettre The Guardian sur de bons rails ?

Le datajournalisme. Une pratique en vogue ces derniers temps, qui consiste à rendre accessible au citoyen lambda un ensemble de données chifrées fournies par des institutions, et pas toujours compréhensibles sans décryptage. Encore relativement peu connue car peu utilisée en France, le datajournalisme fait fureur chez certain de nos voisins européens. C’est le cas notamment en Grande Bretagne, où l’un des journaux historiques du pays, The Guardian, n’a pas hésité à créer un site spécialement réservé au datajournalisme: le Datablog.

Le site est dirigé par Simon Rogers, désigné meilleur web journaliste Britannique fin 2011 par le Oxford Internet Institute. Ce dernier accordait il y a peu une interview à Libération où il expliquait l’importance du rôle d’un datajournaliste :

« Les gouvernements publient davantage d’informations, mais pas toujours dans une forme accessible malheureusement. Ces données sont trop fréquemment publiées dans des formats pauvres, comme le .PDF, ou sans les informations qui permettent de les comprendre et de les exploiter. Il est également très difficile d’obtenir les données brutes, avant qu’elles soient agrégées dans des tableaux. Puis il y a un autre problème qui est l’utilisation d’une géographie qui n’est pas toujours cohérente et complique la comparaison de ces données… Nous pouvons néanmoins être le relais entre ces données et les citoyens qui tentent de comprendre mais ne savent pas par où commencer. »

Le phénomène du datajournalisme est en pleine expansion donc. Wikileaks y est pour beaucoup. De ce point de vue, il est donc normal que The Guardian se soit intéressé à cet outil, en partant d’un constat simple. Nous sommes inondés d’information. Grâce à Internet notamment, n’importe quel citoyen a désormais accès a des données introuvables auparavant. Seulement ces données sont nombreuses, et parfois même contradictoires. Le travail des datajournalistes du Guardian, au quotidien, consiste donc à vérifier les données et à les structurer. Et la grande nouveauté c’est qu’une fois l’article publié, au lieu de faire disparaitre ces données, elles sont ouvertes et publiées sur le Datablog, où tout le monde est libre de les consulter.

Seulement, si louables soient les intentions du Guardian et de ses journalistes 2.0, la réalité de la presse aujourd’hui, c’est la crise et les difficultés économiques. Avec près de 40 millions d’euros de perte en 2010, The Guardian n’y échappe pas. Il faut y faire face et se renouveler constamment pour ne pas sombrer. C’est pourquoi le Datablog n’est qu’une nouveauté parmi beaucoup d’autres dans cet océan d’innovations technologiques que nous propose The Guardian. L’objectif est clair: redresser le journal. Trop tôt pour savoir si toutes ces initiatives seront financièrement bénéfiques à terme, mais ce n’est en
tout cas pas faute d’essayer. Il en va de la perennité du journal.

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« Le Huffington Post » bientôt sur vos écrans

Fondé en 2005, le Huffington Post est aujourd’hui un des pionniers de l’information sur Internet. Ce pure player Américain s’exporte désormais dans plusieurs pays. Après son arrivée en Grande Bretagne l’été dernier, le voici annoncé en France et en Espagne. Pas de doute, le Huffington Post est à l’assaut de l’Europe.

A l’heure où le géant américain débarque chez nos amis québécois, son implantation en Europe est encore faible. Mais elle existe, ce qui constitue l’un des évènements majeurs de l’année 2011 dans le domaine du journalisme 2.0. En effet, ça y est, les Américains ont débarqué en Europe. On fête d’ailleurs le demi-anniversaire du D-day puisqu’il eut lieu le 6 juillet dernier. Heureusement, personne n’est mort et les plages de Normandie se portent très bien, merci pour elles. Non, ce qui a changé, ce sont nos écrans d’ordinateur. Plus précisément, ceux de nos voisins anglais, qui ont donc vu débarquer au début de l’été le plus connu des pure players américains. La langue de Shakespeare et David Beckham était évidemment de rigueur, mais la version dissemblable du fameux www.huffingtonpost.com bien connu jusqu’alors. www.huffingtonpost.co.uk était né et comme dirait l’autre, ceci est une révolution.

De pacotille pour le moment, celle-ci va assurément prendre de l’ampleur en 2012 puisque des versions françaises et espagnoles devraient voir le jour. Le HuffPost en français et en espagnol, c’est pour cette année. Des accords ont été trouvé, avec Le Monde pour la version française, qui s’appellera « Le Huffington Post », et avec Prisa, société éditrice du quotidien El Pais pour sa version espagnole « El Huffington Post ». La présence d’articles devant le nom traditionnel du média pour s’adapter au public des deux pays n’est pas anodine. Car l’enjeu est de taille. Mise à part la version québécoise qui devrait arriver fin janvier, c’est la première fois que le pure player américain existera dans une autre langue. Tout un symbole, car la fondatrice, Arianna Huffington, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Des versions italiennes, turques, ou encore allemandes de son bébé sont en effet à l’étude. Est-ce l’émergence du plus grand média d’information de l’histoire? Bien trop tôt pour le dire, mais l’implantation en Europe du média a de quoi le laisser penser.

Une marque qui pèse, gage d’une réussite certaine?

Car si Internet a révolutionné l’information, s’il a vu émergé de nouveaux médias dans beaucoup de pays, aucun ne s’est encore offert une visibilité mondiale. C’est l’ambition clairement affichée par Arianna Huffington. Tans pis si ça ne plait pas à tout le monde, le géant américain est prêt à tout emporter sur son passage. Il faut dire que la marque jouit d’une grande réputation dans le domaine de l’information sur le web, avec 40 millions de visiteurs uniques par mois aux Etats-Unis, mais également d’un capital économique à en faire pâlir d’envie beaucoup. Racheté pour la coquette somme de 315 millions de dollars l’an dernier par AOL, les moyens financiers sont énormes. Ne pas rétribuer les blogueurs qui contribuent au site aide forcément un peu. Mais qu’importe, la mission est claire en cette année 2012, conquérir l’Europe. Pour cela, il faut continuer le travail commencé en 2011. Et les obstacles sont nombreux. Le public n’est pas le même d’un pays à un autre, d’un continent à un autre non plus d’ailleurs. Les lignes éditoriales ne devront donc pas être les mêmes selon le pays. Aucun soucis à se faire, Arianna Huffington l’a bien compris. Elle déclarait au moment du lancement de la version anglaise qu’il ne s’agirait pas d’un simple clone de la version américaine.

S’adapter à chacun des pays pour développer la marque, développer la marque pour s’imposer dans le pays, le cercle est vertueux et la recette, après avoir connu le succès que l’on sait aux Etats-Unis, semble fonctionner en Grande-Bretagne. En attendant de conquérir l’Europe entière? 2012 devrait nous apporter un élément de réponse.

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